Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui est savante ne goûte pas le philosophe allemand ; elle dit que nous sommes Grecs. Comme elle a le cou d’une blancheur intéressante, je soutiens, moi aussi, que nous pourrions ma foi bien être Grecs ! Mitron réfute. Il faut vivre dangereusement. Il parle bien car il a un peu bu et nous dédaigne. Il est élégamment vêtu et il sent sur lui l’œil bienveillant des femmes. Pas d’erreur possible : le surhomme, c’est lui !

Oh ! j’aurai mon tour après le dessert. J’ai plusieurs cordes à mon arc. Je sais des vers ; j’en sais de cocasses et je les amène par d’amusants détours. J’ai lu les humoristes et j’ai de bonnes petites comparaisons en réserve ; j’en trouve moi-même au besoin ; l’invention ne me manque pas toujours. Je sais des noms d’écrivains scandinaves et j’ai appris par cœur des mots épouvantables dans un livre de chimie. Enfin il y a « La Fraternelle », notre nouvelle société ; s’ils n’en sont pas, je les foudroie ; du haut de ma sagesse totale, je précipite sur eux une avalanche de formules contondantes. Puisse Mitron n’être pas de « La Fraternelle » !

En attendant, lui sait manger. Moi non, décidément. Cachons cela par autre chose. Quand j’ai peur de mourir, je tutoie le Bon Dieu. Exagérons. Tout, plutôt que n’avoir pas d’attitude.

Nous mangeons. Nous aurons sans doute une bouteille de rouge avec des palmers. J’ai eu pour voisin un bonhomme qui plaçait quelques barriques