j’avais eu un œil abîmé comme lui ou bien des dents cassées, vous n’auriez pas arraché un sou ! Il est rudement chien, le bougre, mais il est encore plus glorieux de sa force !…
Séverin, la semaine qui suivit, resta chez lui ; il en profita pour s’occuper de son jardin et bâtir une petite cabane à lapins.
Il fit des journées de-ci de-là.
Il n’est pas de plus dur métier que celui de journalier au temps des gros travaux. Y a-t-il dans une ferme un coup de collier à donner, le patron dit :
— Mes valets, nous allons laisser cela pour la semaine prochaine ; nous prendrons un homme qui nous aidera.
L’homme de renfort a, bien entendu, la meilleure place ; le lendemain il recommence dans une autre ferme, ramassant ainsi tout le travail pénible.
Heureusement, Séverin trouva à se louer pour toute la moisson chez les Chauvin du Pâtis, des gens qui faisaient valoir une grande terre. Après les batteries, il remplaça au même endroit un valet qui était tombé malade. Enfin, il s’y gagea pour l’année suivante.
Tout compte fait, le matin de la Toussaint, Delphine, en rassemblant l’argent gagné pendant l’année, trouva trois cent cinquante francs, juste ce que Séverin aurait rapporté s’il était resté aux Marandières. Il n’y avait que les pommes de terre en moins. Elle compta ce qu’il fallait pour les grosses dettes : quarante francs de loyer et quatre-vingt-dix francs de pain. Elle