gars de Malitron. Quand Maufrette regarda en passant, pour juger de l’état de son homme, ils étaient déjà très rouges. D’autres, des jeunes gens, à une table du fond, chantaient. Vers le soir, deux de ces jeunes voulurent se battre : on les jeta dehors parce qu’ils dérangeaient tout le monde en tombant à droite et à gauche.
À l’heure des chandelles, tous étaient ivres ; ils ne se souvenaient plus des mauvais patrons, ni des femmes plaintives, ni des maigres enfants, ni de rien. Simplement, ils voulaient boire jusqu’à la retraite : le lendemain, on verrait.
Séverin et son compagnon quittèrent l’auberge vers dix heures ; ils hésitèrent beaucoup pour descendre le seuil et pour s’orienter. Le vieux, plus ivre, battait la route. Séverin le prit sous le bras, mais au bout d’une minute, il le lâcha si brusquement, que l’autre alla donner dans un mur :
— Bon Diou ! ma viande ! Maufret, ma viande ! Attendez-moi ici.
Il avait, en effet, oublié son panier : il revint à l’auberge, où il eut bien du mal à le retrouver. Enfin il rejoignit Maufret, le releva péniblement et l’emmena.
Ils arrivèrent fort tard aux Pelleteries ; Delphine n’était pas couchée ; elle commençait à s’inquiéter. Séverin, ébloui par la chandelle, vacillait un peu. Il voulut expliquer avec des mots de tendresse qu’il avait pensé d’abord à elle ; il voulut dire aussi qu’il avait gagné aux cartes et n’avait déboursé que l’argent d’un litre. Mais il avait la langue pâteuse et s’embrouil-