— Pourquoi, dit-il, pourquoi les vends-tu toujours, nos lapins, quand ils sont gros ?
— Je les vends pour avoir des sous.
— À quoi bon des sous ?
— Mais pour t’acheter des hardes et du pain et du beurre ; tu le sais bien, voyons ! — Moi, j’aime mieux que tu ne les vendes pas. C’est bon à manger, les lapins, si tu savais !
— Oh ! ce n’est pas si bon que ça ; ça donne la colique quand on en mange beaucoup.
— Pas sûr ! cria Antonin ; moi, j’en ai mangé beaucoup et je n’ai pas eu la colique. Tu en tueras un, dis, maman ?
— Non, non, les nôtres ne sont pas de bonne espèce ; et puis, je ne sais pas arranger les lapins.
Les deux petits écarquillèrent les yeux d’étonnement.
— Tu ne sais pas arranger les lapins ! ce n’est pas difficile, pourtant. On leur tape sur la tête comme ça… pan ! pan ! puis on les sort de leur peau, puis on leur coupe le ventre, puis on les fricasse avec du beurre. Après ça, on les mange. Tu ne savais pas ! Eh bien !
— Bah ! vous m’agacez ; allez vous amuser ! Tenez, voilà Louis VI qui passe ; allez avec lui.
Elle les poussa dehors et se mit à tailler un petit jupon qui avait appartenu à Louise, puis à Georgette, et qui allait sans doute finir autour des jambes de Marthe.
Un moment après, étant sortie, elle entendit du bruit dans le coin du jardin. Elle s’approcha, ouvrit