portes battirent ; quelqu’un toussa ; un homme passa en sifflotant, imprécis comme un fantôme. Séverin sentit la fraîcheur se glisser sous sa chemise défaite et il rentra pour achever de se vêtir.
Delphine, réveillée, demanda dans un bâillement :
— Le temps est-il nettoyé ?
— Je ne sais pas, fit-il ; il y a un gros brouillard ; ça pourrait bien amener un orage.
Il ajouta comme il se disposait à sortir :
— Et toi ? Comment te trouves-tu ce matin ?
Delphine, qui était à la fin de sa grossesse, avait fané la veille au Pâtis, et vers le soir elle s’était sentie presque malade. Elle répondit :
— Oh ! cela va tout à fait ; je suis délassée et je pourrai aller vous aider encore aujourd’hui.
— Cela, par exemple, je te le défends bien ! pour le travail que tu peux faire, ce n’est pas la peine de venir si loin ; d’ailleurs, ce serait dangereux.
Elle se releva sur un coude, péniblement, car elle était très lourde.
— Je m’ennuie toute seule ici, fit-elle ; j’aime mieux aller râteler.
Il se récria de nouveau :
— Mais tu es folle ! râteler par une chaleur pareille ! et pour gagner quoi ? rien du tout ! Il est bon d’avoir de la complaisance, mais dans ton état, il vaut mieux rester chez soi.
— Tu peux dire tout ce que tu voudras, j’irai quand même. Si l’on ne me donne pas d’argent, je gagnerai toujours ma vie et celle de Marthe ; la