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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/199

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choses. Ils s’abattirent sur un grand marronnier au coin du champ de choux.

Fourchette cria :

— « Pies-grolles, pies-grollas !

Allez-vous en, ne r’venez pas ! »

Quelques-uns s’envolèrent ; mais, après avoir tournoyé une minute, ils se posèrent à nouveau sur les branches.

— Pies-grolles ! allez-vous-en ! Houch ! males bêtes ! Une motte s’émietta sur le tronc de l’arbre ; cette fois les corbeaux s’enlevèrent tous avec des cris d’effroi ; ils s’éparpillèrent au-dessus de l’espèce de cuvette que faisaient les terres à cet endroit. Le champ de choux formait un côté de cette cuvette ; penchant sur la galerne, il commençait à recevoir de biais les rayons du soleil.

Le vent soufflait de l’est. C’était un petit vent aigre qui accourait avec des sifflements de bête méchante. Il agitait de balancements infinis la lourde masse de verdure. Il passait en appuyant et soulevait des houles pâles, ou bien il se glissait dans les dessous et retournait comme des mains les grandes feuilles aux veines blanches ou violettes. Il se coulait par les raizes où l’on voyait par endroits la terre jaune, et des taches plus jaunes encore qui étaient des feuilles tombées. Quand il s’apaisait, les choux achevaient plus doucement de s’égoutter ; les feuilles humides se redressaient et, reflétant la lumière éparse, luisaient un peu.

Ayant assujetti leurs jambières de paille, Séverin et Fourchette attaquèrent les choux de la cheintre qui étaient petits et clairs ; puis ils s’engagèrent