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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/114

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LES GARDIENNES

rais aimé, cependant, voir votre mine effrayée.

Elle répondit en souriant, sans interrompre son travail :

— Je ne suis pas si peureuse qu’on le dit… Mais avec Maxime on ne peut jamais s’y fier… surtout dans son petit bateau de quatre sous quand il s’amuse à le faire balancer.

— Alors, avec un autre, vous n’auriez pas peur ? Vous n’auriez pas peur avec moi, Francine ?

— Non, répondit-elle, je ne le crois pas.

Elle frappa son linge avec le battoir, longuement ; une rougeur soudaine avait envahi son visage et coulait sur sa nuque.

Il cessa de rire et reprit d’une voix confidentielle :

— J’aurais eu plaisir à vous emmener à la promenade, par des fossés que je connais, jusqu’à la Belle Rigole de Saint-Jean-du-Marais. Vous vous seriez assise bien commodément… et moi en face de vous… Je vous aurais menée tout doucement sans rien vous dire. Si vous saviez combien il est agréable de voyager ainsi ! Là-bas, dans la Belle Rigole, il y a un peu de courant ; on se laisse aller sous les arbres. On ne heurte rien, on n’entend rien, on pourrait se croire parti en songe,

Pour l’écouter, elle s’était arrêtée de laver. Ses regards s’en allaient se perdre au loin dans la lumière cendrée qui pleuvait encore des hautes branches, sur l’eau noire de la conche Saint-Jean.

— C’est un beau pays que le mien, disait Georges, et j’aurai de la peine en le quittant… C’est demain, pourtant…