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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/31

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LES GARDIENNES

— Nous verrons, nous verrons bien !

Mais sa voix était molle ; il se sentait battu d’avance. C’est qu’il avait déjà changé quatre fois de condition depuis le commencement de la guerre et, chaque fois, on avait parlé contre lui.

De plus, quelques semaines auparavant, il avait fait la fâcheuse rencontre d’un blessé convalescent, son dernier patron, dont la femme avait eu particulièrement à se plaindre. Le soldat, sans avertissement ni discours, avait réglé au valet son dû à grands coups de poing sur la figure. Ce soldat était brutal, mais le grand Clovis du Paridier ne l’était pas moins et passait pour avoir la main lourde…

— Nous verrons bien ! je connais mon droit…

La Misangère comprit que l’homme était vaincu ; connaissant sa force, elle voulut l’éprouver sur l’heure.

— As-tu fini de manger ? demanda-t-elle sèchement.

— À peu près.

— Bien ! comme tu n’as rien fait pendant la soirée, j’ai du travail pour toi, maintenant… Écoute-moi ! tu vas courir chez les Candé où deux pauvres femmes sont en train de relever une charretée de foin ; tLu voudras bien leur donner un coup de main. La jeune n’est pas à sa place sur la charrette ; tu la feras descendre et tu monteras prendre sa fourche, Va ! et hâte-toi !

L’homme s’était levé.

— Ça non, par exemple !… Je suis gagé ici, non