les affaires de la ferme ; elle pliait comme les autres, non sans opposer une sournoise inertie. On la voyait rarement aux champs ; son ménage, les soins à son enfant et la préparation des repas prenaient à peu près tout son temps car elle ne forçait pas l’allure. Quand, par hasard, elle apparaissait au milieu des travailleurs, elle ne se précipitait pas sur l’outil et toutes les précautions étaient prises pour la préservation de son teint frais. En présence de ses parents elle parlait peu, gardait un air ennuyé, mais elle souriait aux étrangers. Plus d’une fois, la Misangère quittant la maison, le soir, et s’arrêtant dans le courtil, pour écouter, l’entendit plaisanter avec les valets.
Le renouvellement du bail fut l’occasion d’une lutte entre la Misangère d’un côté, Solange et son père de l’autre. Ce ne fut pas sans peine que la première l’emporta ; elle dut harceler sa fille pour qu’elle fît les démarches nécessaires. Tout se termina enfin ; le gendre n’aurait plus qu’à signer quand il viendrait en permission.
Cette permission, repoussée de semaine en semaine depuis le commencement de l’été, Clovis ne l’annonçait plus sur ses lettres. Il l’obtint cependant à la fin de septembre et, un après-midi, tomba sans crier gare au Paridier où personne ne l’attendait.
Il trouva la porte close car tout le monde était en plaine. Son premier soin fut de visiter l’étable où il palpa ses bêtes l’une après l’autre. Deux bovillons limousins, achetés au printemps, selon ses