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LA MÊLÉE

nente, personnages falots, habitués depuis longtemps aux fluctuations quotidiennes de la politique, s’étaient laissé destituer sans résistance. Mais une partie de la police résista ; quelques-uns des principaux ingénieurs chefs de légion, qui avaient juré fidélité à la constitution parallèle, se dressèrent énergiquement contre les usurpateurs. Ils réussirent bientôt à entraîner leurs troupes, à soulever aussi les spécialistes des transports et du cinétéléphone. La masse de la population demeurait flottante ; elle suivait, sans y prendre une part active, la lutte des deux factions rivales, formées d’éléments encore peu nombreux, mais audacieux et résolus à vaincre.

Il y eut tout de suite des troubles sanglants. Deux partis de miliciens se rencontrant par hasard, sans autres armes que des matraques de police, s’affrontèrent néanmoins en bataille rangée, tels des guerriers barbares des âges les plus reculés. Cette affaire, à la fois dramatique et burlesque, fut suivie de rencontres beaucoup plus graves où les armes des miliciens causèrent des ravages, non seulement parmi les combattants, mais aussi parmi la population paisible.

Chaque parti recevait ouvertement les secours de l’étranger. Des fuyards, qui gagnaient les pays voisins, en revenaient réconfortés, armés, encadrés. Des quatre coins de l’horizon surgissaient d’inquiétantes figures d’aventuriers. Les forces en présence grandissaient vite du fait de ces renforts continuels. Leur action violente aggravait dans le monde entier l’état de fièvre consécutif à l’aventure africaine. Dans tous les pays, les soubresauts de la vie politique se faisaient plus rapides et plus durs. Le Parlement mondial et la Commission d’arbitrage, où