Page:Pétrarque - Poésies, 1842, trad. Gramont.djvu/269

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246 SONNET CCCXIII.. ACTE DE REPENTIR. Je vais pleurant mes jours passés que j'ai consacrés à aimer une créature mortelle, sans élever mon essor, bien que j'eusse des ailes pour me guider peut-être à des actions dignes d'être imitées. Toi qui vois mes souffrances indignes et funestes, Roi du ciel invisible et immortel, viens en aide à mon âme égarée et fragile, et comble son insuffisance par ta grâce.

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Afin que, si j'ai vécu au milieu des luttes et des tem- pêtes, je meure tranquille dans le port; et que, si le séjour fut insensé, le départ du moins soit honorable. Qu'au peu de vie qui me reste, ainsi qu'à mon trépas, ta main daigne être propice: tu sais bien que je n'ai d'espé- rance qu'en toi seul. SONNET CCCXIV. IL RECONNAIT COMBIEN LES RIGUEURS DE SA DAME LUI ONT ÉTÉ SALUTAIRES. Douces cruautés et bienheureux refus pleins d'un chaste amour et d'une tendre bonté, charmants dédains qui cal- mèrent (je m'en aperçois maintenant) l'ardeur insensée de mes désirs; ` Noble parler où brillait clairement la suprême courtoisie unie à l'honnêteté suprême; fleur de vertu; source de beauté qui bannit de mon cœur toute abjecte pensée ; Divin regard à rendre l'homme heureux, tantôt plein de rigueur, afin de réfréner mon âme audacieuse et pas- sionnée, pour ce qui lui est justement dénié : Et tantôt diligent à rassurer ma vie chancelante: cette belle diversité a été la racine de mon salut qui autrement. m'abandonnait.