Page:Pétrarque - Poésies, 1842, trad. Gramont.djvu/270

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247 SONNET CCCXV. LE TRÉPAS DE LAURE. Bienheureux esprit qui, si doucement, inclinas ces yeux plus clairs que le Soleil, et qui exhalas les soupirs et les vives paroles dont l'accent résonne encore dans mon âme, Brûlant d'un chaste feu, je te vis autrefois mouvoir parmi les herbes et les violettes, non pas comme une dame, mais comme un ange a coutume de faire, les pieds de celle qui m'est plus que jamais présente ; Laquelle, lorsque ensuite tu retournas vers ton Créa- teur, tu laissas sur la terre avec la forme admirable qu'un sublime destin te donna en partage. Quand tu partis, Amour partit du monde avec la cour- toisie; et le Soleil tomba du ciel ; et la mort commença à paraître douce. SONNET CCCXVI. IL DEMANDE QU'AMOUR LUI Vienne en aide pour CÉLÉBRER LAURE. De grâce, Amour, que ta main vienne en aide à mon génie affligé et à ma plume accablée et fragile, afin que je puisse parler de celle qui, désormais immortelle, habite au céleste royaume. Donne-moi, Seigneur, que mes paroles, en la célébrant, atteignent jusqu'au faite où elle est placée, et où, par elles-mêmes, elles ne peuvent s'élever; car sa vertu et sa beauté furent sans égales dans ce monde indigne de la posséder. Il me répond: Tout ce que le ciel et moi-même nous pouvons produire, avec les bons préceptes et les vertueux entretiens, fut réuni en cette dame, que la mort nous a ravie. Jamais il n'y eut de forme pareille depuis le jour où Adam ouvrit les yeux pour la première fois, et maintenant c'est assez. Je dis ceci en pleurant, et toi en pleurant tu l'écris.