Page:Pétrarque - Poésies, 1842, trad. Gramont.djvu/333

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TRIOMPHE DE LA DIVINITÉ. Ayant vu que sous le ciel il n'y avait rien de stable ni d'assuré, je me tournai tout désolé, et je dis: Vois en qui tu dois te confier. Je répondis: Dans le Seigneur qui n'a jamais manqué à ses promesses envers ceux qui mettent leur confiance en Jui; mais je vois bien que le monde s'est joué de moi ; Et je sens ce que je suis, et ce que j'ai été ; et je vois le temps marcher ou plutôt voler; et je voudrais me plaindre, et je ne sais pas de qui.. Car toute la faute vient de moi, qui devais ouvrir les yeux de meilleure heure et ne pas attendre jusqu'à la fin : car, à dire le vrai, je suis désormais trop âgé. Mais il n'a jamais été trop tard pour recourir à la misé- ricorde divine qui, j'espère, peut encore produire en moi un sublime et précieux résultat. Ayant ainsi parlé et répondu; maintenant, me dis-je, s'il n'y a point d'arrêt pour ces corps que le ciel roule et gouverne, comment finiront-ils, après avoir accompli toutes leurs révolutions ? Voilà ce que je pensais; et tandis que mon esprit s'en- fonçait davantage dans ses réflexions, il me sembla voir un monde nouveau au sein d'une saison immuable et éternelle; Voir le Soleil disparaître, ainsi que le globe des cieux avec toutes ses étoiles et aussi la terre et la mer, et un autre univers s'en reformer plus beau et plus heureux. De quel étonnement ne fus-je pas saisi en voyant rester