Page:Pétrone, Apulée, Aulu-Gelle - Œuvres complètes, Nisard.djvu/161

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commandées par la volonté, la providence et les ordres des dieux, et accomplies par le soin, l'obéissance et le ministère des démons.

Chapitre 7

C'est par eux, par leur entremise, qu'Annibal est menacé en songe de la perte d'un oeil ; que Flaminius, à la vue des entrailles de la victime, craint une défaite ; que les augures découvrent à Navius Attus la propriété merveilleuse de la pierre à aiguiser ; que quelques hommes voient briller des signes précurseurs de la royauté qui les attend ; qu'un aigle couronne Tarquin l'Ancien, qu'une flamme illumine la tête de Servius Tullius ; enfin, ce sont ces divinités intermédiaires entre les hommes et les dieux qui inspirent les présages des augures, les sacrifices toscans, les vers des Sibylles, et qui indiquent les lieux frappés de la foudre. Ce sont là tout autant d'attributions de ces puissances intermédiaires entre les hommes et les dieux. Certes il ne conviendrait pas à la majesté des dieux suprêmes qu'aucun d'eux présentât un songe à Annibal, ou déchirât la victime de Flaminius, ou fit voler un oiseau près d'Attus Navius, ou mît en vers les prédictions de la Sibylle, ou enlevât le bonnet de Tarquin pour le lui rendre, ou fît paraître tout en feu la tête de Servius sans la brûler. Les divinités du ciel ne sauraient descendre à ces détails : c'est l'emploi de ces puissances intermédiaires dont la demeure est cet espace de l'air contigu à la terre et aux cieux, et qui y habitent, ainsi que chaque espèce animée dans l'élément qui lui est propre, dans l'air tout ce qui vole, sur la terre tout ce qui marche.

Chapitre 8

Et comme il y a quatre éléments bien connus, qui sont, pour ainsi dire, les quatre grandes divisions de la nature ; de sorte que la terre, l'eau et le feu ont chacun leurs animaux (Aristote prétend que dans les fournaises ardentes il se trouve certains animaux ailés qui voltigent et passent leur vie dans le feu, qui naissent et s'éteignent avec lui) ; comme tant d'astres brillants roulent, ainsi que je l'ai dit plus haut, dans l'éther, où est la plus vive et la plus pure source du feu : pourquoi l'air, ce quatrième élément, qui occupe tant d'espace, serait-il vide de toutes choses, et seul condamné par la nature à n'avoir pas d'habitants ? pourquoi ne ferait-elle pas naître dans l'air des animaux aériens, comme elle en produit d'enflammés dans le feu, de fluides dans l'eau, de terrestres sur la terre ? Car ceux qui assignent l'air pour demeure aux oiseaux commettent une erreur évidente : d'abord aucun oiseau ne s'élève au-dessus de l'Olympe, le mont le plus élevé du globe, et dont la hauteur, selon la mesure des géomètres, n'atteint pas dix stades : de plus, à partir de ce mont, s'étend un immense espace d'air jusques au premier cercle de la lune, où commence véritablement l'éther. Que direz-vous donc de cette grande étendue d'air qui se trouve entre le sommet de l'Olympe et le cercle le plus rapproché de la lune ? Sera-t-elle vide d'animaux qui lui soient propres, et cette partie de la nature serait-elle morte et impuissante ? Car observez que l'oiseau est plutôt un animal terrestre qu'aérien ; sa nourriture est sur la terre ; c'est là seulement qu'il prend sa vie, c'est là qu'il repose ; et quand il vole, il ne traverse que l'air le plus proche de la terre ; enfin, lorsque les ailes qui lui servent de rames sont fatiguées, la terre le reçoit comme un port.

Chapitre 9

Puisque la force du raisonnement veut que l'on admette l'existence d'animaux propres à l'air, il reste à traiter de leur nature et de leurs propriétés. Ils ne seront pas terrestres, autrement leur