Page:Pétrone, Apulée, Aulu-Gelle - Œuvres complètes, Nisard.djvu/169

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richesses enviées, tout cela, je le répète, est étranger. Cette gloire de la naissance vient d'un aïeul qui fut tel que son petit-fils n'eût pas à rougir de lui. Il en est de même des autres avantages que vous pourriez énumérer. Cet homme est noble ; vous louez ses parents. Il est riche ; je ne crois pas à la fortune. Je ne fais pas plus de cas du reste. Il est vigoureux ; la maladie peut l'épuiser. Il est leste ; il deviendra vieux. Il est beau ; attendez un peu, et il ne le sera plus. Mais si vous dites, il a étudié les beaux-arts, il est très instruit, il est aussi sage qu'un homme peut l'être, il est prudent ; voilà qu'enfin vous louez l'homme lui-même. Tout cela n'est point un héritage de ses pères, ni un présent du hasard, ni le résultat éphémère d'un suffrage, ni quelque chose qui s'altère avec le corps ou qui change avec l'âge : ce sont les seuls avantages de mon Socrate, et c'est pour cela qu'il dédaignait la possession des autres.

Chapitre 24

Que cela ne vous excite-t-il à l'étude de la sagesse ! Vous n'entendriez plus mêler à vos louanges rien qui vous fût étranger ; et celui qui voudrait vous louer serait forcé de dire de vous ce qu'Accius, au commencement de son Philoctète, a dit d'Ulysse : "Héros glorieux, sorti d'une patrie obscure ; toi dont le nom est célèbre et l'âme pleine de sagesse ; toi qui guidas les Grecs, et sus les venger d'Ilion ; fils de Laërte ---." Il ne parle de son père qu'en dernier lieu ; vous n'avez entendu que des louanges qui lui soient personnelles ; aucune d'elles ne revient à Laërte, ni à Anticlée, ni à Arcésius : l'éloge tout entier appartient à Ulysse. Homère, parlant de ce héros, n'en dit pas autre chose ; Il lui donne pour compagne la prudence, désignée, selon la coutume des poètes, sous le nom de Minerve. C'est avec elle qu'il surmonte tous les obstacles et tous les dangers ; il pénètre dans l'antre du Cyclope, mais il en sort ; il voit les bœufs du Soleil, mais il n'y touche pas ; il descend dans les enfers, mais il remonte sur la terre : c'est encore avec la sagesse qu'il franchit Scylla sans être entraîné ; qu'il tourne dans le gouffre de Charybde sans être englouti ; qu'il boit la coupe de Circé sans être métamorphosé ; qu'il aborde chez les Lotophages sans y rester ; qu'il entend les Sirènes sans les approcher.