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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/101

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soir. On venait de parfumer Trimalchion, et les frottoirs dont on l’essuyait étaient, non pas de lin, mais du molleton le plus doux. Trois garçons étuvistes sablaient le falerne en sa présence ; et comme, en se disputant à qui boirait le plus, ils en répandaient beaucoup à terre : — Buvez, buvez à ma santé, leur dit Trimalchion, il est de mon cru[1] ! — Bientôt on l’enveloppa d’une peluche écarlate, puis on le plaça dans une litière précédée de quatre valets de pied à livrées magnifiques, et d’une chaise à porteurs[2] où figuraient les délices de Trimalchion : c’était un petit vieillard précoce, chassieux, plus laid que Trimalchion lui-même. Tandis qu’on l’emportait, un musicien s’approcha de lui avec une petite flûte ; et, penché à son oreille, comme s’il lui eût confié quelque secret, il ne cessa d’en jouer pendant toute la route. Déjà rassasiés d’admiration, nous suivîmes en silence, et nous arrivâmes avec Agamemnon à la porte du palais, sur le fronton duquel était placé un écriteau avec cette inscription :

TOUT ESCLAVE QUI SORTIRA SANS L’AUTORISATION DU MAÎTRE RECEVRA CENT COUPS DE FOUET.

Sous le vestibule même se tenait le portier, habillé de vert, avec une ceinture couleur cerise : il écossait des pois dans un plat d’argent. Au-dessus du seuil était suspendue une cage d’or renfermant une pie au plumage bigarré, qui saluait de ses cris ceux qui entraient.