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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/106

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âne en bronze de Corinthe, portant un bissac qui contenait d’un côté des olives blanches, de l’autre des noires. Sur le dos de l’animal étaient deux plats d’argent sur le bord desquels étaient gravés le nom de Trimalchion et le poids du métal[3]. Des arceaux en forme de ponts soutenaient des loirs assaisonnés avec du miel et des pavots[4]. Plus loin, des saucisses brûlantes sur un gril d’argent ; et, au-dessous du gril, des prunes de Syrie et des grains de grenade.


CHAPITRE XXXII.

Nous étions plongés dans cet océan de délices, lorsqu’aux accents d’une symphonie parut Trimalchion lui-même, porté par des esclaves qui le posèrent bien mollement sur un lit garni de petits coussins. À cet aspect imprévu, nous ne pûmes nous empêcher de rire étourdiment. Il fallait voir sa tête chauve s’échappant d’un voile de pourpre[1], et son cou affublé d’une vaste serviette, en forme de laticlave, qui s’étendait sur tous les vêtements dont il était chargé, et retombait en franges des deux côtés. Il portait aussi, au petit doigt de la main gauche, un grand anneau doré, et, à l’extrémité du doigt suivant, un anneau de plus petite dimension, mais d’or pur, à ce qu’il me parut, et parsemé d’étoiles d’acier. Ce n’est pas tout : pour nous éblouir de l’éclat de ses richesses, il découvrit son bras droit, orné d’un bracelet d’or, émaillé de lames de l’ivoire le plus brillant.