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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/105

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CHAPITRE XXXI.

Reconnaissants d’une si grande clémence, nous étions à peine entrés dans la salle du festin, quand ce même esclave, pour lequel nous venions d’intercéder, se précipite vers nous, et, pour nous remercier de cet acte d’humanité, nous applique tant et de si vigoureux baisers, que nous ne savions où nous en étions. — Du reste, nous dit-il, vous allez bientôt connaître que vous n’avez pas obligé un ingrat : c’est moi qui sers le vin du maître, et j’en dispose à mon gré. — Lorsque, après tous ces retards, nous fûmes enfin placés à table, des esclaves égyptiens[1] nous versèrent sur les mains de l’eau de neige[2], et furent bientôt remplacés par d’autres qui nous lavèrent les pieds et nous nettoyèrent les ongles avec une admirable dextérité : ce que faisant, ils ne gardaient pas le silence, mais ils chantaient, tout en s’acquittant d’un si triste office. Curieux de savoir si les autres esclaves faisaient ainsi leur service en chantant, je demande à boire : aussitôt un esclave empressé m’apporte une coupe, en accompagnant cette action d’un chant aigre et discordant : ainsi faisaient tous les gens de la maison lorsqu’on leur demandait quelque chose. Vous eussiez cru être au milieu d’un chœur de pantomimes plutôt qu’à la table d’un père de famille. Cependant, on apporte le premier service, qui était on ne peut plus splendide ; car déjà tout le monde était à table, à l’exception de Trimalchion, à qui, contre l’usage, on avait réservé la place d’honneur. Sur un plateau destiné aux hors-d’œuvre était un petit