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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/114

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du chapeau d’un incube, il a trouvé un trésor. Si, en effet, quelque dieu lui a fait ce présent, je ne lui porte pas envie. Il n’en est pas moins un affranchi de fraîche date ; mais il ne s’en trouve pas plus mal. Aussi, dernièrement, a-t-il fait mettre cette inscription sur sa porte :

C. POMPÉE DIOGÈNE,
DEPUIS LES CALENDES DE JUILLET,
A MIS EN LOCATION LA CHAMBRE QU’IL HABITAIT,
PARCE QU’IL VIENT D’ACHETER UNE MAISON
POUR LUI-MÊME.

Quel est, continuai-je, celui qui occupe la place destinée aux affranchis ? comme il se soigne, le gaillard ! — Je ne lui en fais pas reproche ; il avait décuplé son patrimoine ; mais ses affaires ont mal tourné : il n’a pas sur la tête un cheveu qui lui appartienne ; et cependant ce n’est pas sa faute, car il n’y a pas sur la terre un plus honnête homme, mais bien celle de quelques fripons d’affranchis qui l’ont dépouillé jusqu’au dernier sou. Car dès que la marmite est renversée[5], et que la fortune décline, les amis disparaissent aussitôt. — Et par quel honnête métier est-il parvenu au rang qu’il occupe maintenant ? — Le voici : il était entrepreneur de funérailles. Sa table était servie comme celle d’un roi : on y voyait des sangliers entiers encore couverts de leurs soies[6], des pièces de pâtisserie, des oiseaux rares, des cerfs, des poissons, des lièvres. On répandait chez lui plus de vin sous la table que bien d’autres n’en ont dans leurs