Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

heur, soit qu’il nous fasse naître ou mourir. Quant au gazon que vous voyez au milieu du globe, et au rayon de miel dont il est couvert, ce n’est pas sans raison ; car la terre, notre commune mère, arrondie comme un œuf, occupe le centre de l’univers : et elle renferme dans son sein tous les biens désirables, dont le miel est l’emblème.


CHAPITRE XL.

Admirable ! s’écrièrent à la fois tous les convives, en levant les mains au ciel : chacun de nous jurait qu’Hipparque ni Aratus ne méritaient d’être comparés à Trimalchion. Ce concert d’éloges fut interrompu par l’entrée de valets qui étendirent sur nos lits des tapis où étaient représentés en broderie des filets, des piqueurs avec leurs épieux, enfin, tout l’attirail de la chasse. Nous ne savions encore ce que cela signifiait, lorsque tout à coup un grand bruit se fait entendre au dehors, et des chiens de Laconie, s’élançant dans la salle, se mettent à courir autour de la table. Ils étaient suivis d’un plateau sur lequel on portait un sanglier de la plus haute taille. Sa hure était coiffée d’un bonnet d’affranchi ; à ses défenses étaient suspendues deux corbeilles tissues de petites branches de palmier, l’une remplie de dattes de Syrie, l’autre de dattes de la Thébaïde[1]. Des marcassins faits de pâte cuite au four entouraient l’animal, comme s’ils eussent voulu se suspendre à ses mamelles, et nous indiquaient assez que c’était une laie : les convives à qui on les offrit eurent la permission de les emporter. Cette