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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/118

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fois, ce ne fut pas ce même Coupé, que nous avions vu dépecer les autres pièces, qui se présenta pour faire la dissection du sanglier, mais un grand estafier, à longue barbe, dont les jambes étaient enveloppées de bandelettes, et qui portait un habit de chasseur. Tirant son couteau de chasse, il en donne un grand coup dans le ventre du sanglier : soudain, de son flanc entr’ouvert, s’échappe une volée de grives. En vain les pauvres oiseaux cherchent à s’échapper en voltigeant autour de la salle ; des oiseleurs, armés de roseaux enduits de glu, les rattrapent à l’instant, et, par l’ordre de leur maître, en offrent un à chacun des convives. Alors Trimalchion : — Voyez un peu si ce glouton de sanglier n’a pas avalé tout le gland de la forêt. — Aussitôt les esclaves courent aux corbeilles suspendues à ses défenses, et nous distribuent, par portions égales, les dattes de Syrie et de Thébaïde.


CHAPITRE XLI.

Au milieu de tout ce mouvement, comme j’avais une place un peu séparée des autres, je me livrais à une foule de réflexions sur ce sanglier que l’on avait servi coiffé d’un bonnet d’affranchi. Après avoir épuisé toutes les conjectures les plus ridicules, je me hasardai à interroger de nouveau ce même voisin qui m’avait déjà servi d’interprète, et à lui exposer la cause de mon embarras : — Comment ! me dit-il ; mais votre esclave pourrait sans peine vous expliquer cela ; car ce n’est pas une énigme. Rien de plus simple, en effet. Ce sanglier fut