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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/135

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ceinture, notre homme, sans se presser, le répare avec adresse et lui rend sa forme première. Cela fait, il crut voir l’Olympe s’ouvrir devant lui, surtout lorsque l’empereur lui dit : « Quelque autre que toi sait-il l’art de fabriquer du verre semblable ? Prends bien garde à ce que tu vas dire ! » L’ouvrier ayant répondu que lui seul possédait ce secret, César lui fit trancher la tête sous prétexte que, si cet art venait à se répandre, l’or perdrait toute sa valeur.


CHAPITRE LII.

Pour moi, je suis très curieux d’ouvrages d’argent ; j’ai de ce métal des coupes qui contiennent environ une urne, plus ou moins : le ciseau y a gravé Cassandre égorgeant ses fils[1] ; les cadavres de ces enfants sont d’une si grande vérité, qu’on dirait la nature. Je possède une aiguière que le célèbre Mys a léguée à mon patron : on y voit Dédale enfermant Niobé dans le cheval de Troie. J’ai aussi des coupes représentant les combats d’Herméros et de Pétracte, toutes du plus grand poids ; car, voyez-vous, ce que j’ai une fois acheté, je ne le cède à aucun prix. — Tandis qu’il divaguait de la sorte, un valet laisse tomber une coupe ; Trimalchion se tournant vers lui : — : Allons, vite, punis-toi toi-même de ton étourderie. — Déjà l’esclave ouvrait la bouche pour implorer sa clémence, quand Trimalchion : — Quelle grâce me demandes-tu ? ne dirait-on pas que je te veux du mal ? Je te conseille seulement de prendre garde à ne plus être si étourdi. — Enfin, cédant à