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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/136

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nos prières, il lui pardonna. L’esclave ne fut pas plutôt parti, que Trimalchion se mit à courir autour de la table en criant : — Plus d’eau ! plus d’eau ! le vin seul doit entrer céans ! — Nous accueillîmes par des applaudissements cette plaisante saillie de notre hôte, surtout Agamemnon, qui savait comment il fallait s’y prendre pour être invité de nouveau à sa table. Encouragé par nos éloges, Trimalchion se mit gaiement à boire de plus belle ; et bientôt, à moitié ivre : — Aucun de vous, dit-il, n’invite ma chère Fortunata à danser ; personne cependant ne figure la cordace avec plus de grâce[2]. — Puis le voilà lui-même qui, levant les bras au-dessus de sa tête, contrefait les gestes du bouffon Syrus, et toute la valetaille de chanter en chœur : — « Par Jupiter, c’est admirable ! par Jupiter, rien n’est plus beau ! » — Et notre homme allait se donner en spectacle à toute la compagnie, si Fortunata, s’approchant de son oreille, ne lui eût représenté sans doute que de pareilles niaiseries étaient indignes d’un homme de son importance. Je n’ai jamais vu d’humeur plus inégale : tantôt il se contenait par respect pour Fortunata, tantôt il revenait à ses ignobles penchants.


CHAPITRE LIII.

Mais, au moment où il allait se livrer à sa passion pour la danse, il fut interrompu par l’entrée d’un greffier qui, du même ton dont il aurait débité les actes de Rome, lut ce qui suit : — Le VII des calendes de juillet, il est né dans le do-