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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/145

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pas de même de ton débauché de maître, qui ne sait pas te faire rentrer dans ton devoir. On a bien raison de dire : tel maître, tel valet. J’ai peine à me contenir ; car, de ma nature, j’ai la tête chaude, et quand je suis une fois lancé, je ne connais personne, pas même ma propre mère. C’est bien ! je te rencontrerai ailleurs, reptile ! ver de terre ! Puissé-je voir ma fortune renversée de fond en comble, si je ne force ton maître à se cacher dans un trou de souris ! et je ne t’épargnerai pas non plus : oui, certes, quand bien même tu appellerais à ton secours le grand Jupiter, je t’allongerai encore ta chevelure d’une aune : toi et ton digne maître, vous tomberez tous deux sous ma griffe. Ou je ne me connais pas, ou tu perdras pour longtemps l’envie de me railler, quand tu aurais une barbe d’or, comme nos dieux. J’attirerai les maléfices de la sorcière Sagana sur toi et sur celui qui le premier a pris soin de ton éducation. Je n’ai pas appris, moi, la géométrie, la critique, et autres bagatelles semblables ; mais je connais le style lapidaire, et je sais faire la division en cent parties, selon le métal, le poids, la monnaie. Enfin, si tu veux, nous ferons, toi et moi, une gageure. Voyons, je t’abandonne le choix du sujet. Je veux te convaincre que ton père a perdu son argent à te faire étudier, quoique tu saches la rhétorique. Dis-moi quel est celui de nous qui vient lentement et qui va loin. Paye-moi, et je te le dirai. Quel est celui qui court et qui ne bouge pas de place ? quel est celui qui croît et devient plus petit ? Tu t’agites, tu restes la bouche béante, tu te démènes comme une souris dans un pot de nuit. Tais-toi donc, ou ne moleste pas un homme qui vaut mieux