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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/146

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que toi, et qui ne s’était pas aperçu que tu fusses au monde. Crois-tu donc m’en imposer avec tes bagues couleur de buis, que tu as sans doute volées à ta maîtresse ? Que Mercure nous soit en aide ! allons tous deux sur la place, et empruntons de l’argent : tu verras si cet anneau de fer que je porte a quelque crédit. Ah ! le joli garçon ! il est confus comme un renard mouillé ! Puissé-je gagner tant d’argent et mourir en si bonne réputation, que le peuple bénisse ma mémoire, comme il est vrai que je te poursuivrai partout, jusqu’à ce que je t’aie fait condamner par les magistrats. C’est aussi un joli garçon, que celui qui t’a si bien appris à vivre ! Mufrius, notre maître, nous disait (car nous aussi, nous avons étudié) ; Mufrius nous disait : « Votre devoir est-il fini ? allez tout droit à la maison, sans regarder autour de vous, sans injurier ceux qui sont plus âgés que vous, sans compter les échoppes : autrement, on ne parvient à rien. » Pour moi, je rends grâces aux dieux du savoir-faire qui m’a élevé au rang que j’occupe.


CHAPITRE LIX.

Ascylte commençait à répondre à ces invectives, quand Trimalchion, charmé de l’éloquence de son affranchi : — Laissez là, leur dit-il, les injures, et ne songez qu’à vous réjouir. Toi, Herméros, tu devrais épargner ce jeune homme : le sang lui bout dans les veines ; montre-toi le plus raisonnable : dans ces sortes de combats, tout l’avantage est pour celui qui cède : lorsque tu venais d’être chaponné, cocorico, tu n’étais pas plus