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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/163

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ces pauvretés, si l’on n’eût enfin apporté le dernier service, composé d’un pâté de grives, de raisins secs et de noix confites. Ensuite vinrent des coings lardés de clous de girofle qui ressemblaient à des hérissons. Tout cela était encore supportable ; mais voilà qu’on nous sert un nouveau plat si monstrueux, que nous eussions mieux aimé mourir de faim que d’y goûter. Chacun de nous eût juré que c’était une oie grasse entourée de poissons et d’oiseaux de toute espèce. Trimalchion nous détrompa en disant : — Tout ce que vous voyez dans ce plat est fait de la chair d’un seul animal. — Pour moi, en homme expérimenté, je crus deviner sur-le-champ ce que c’était ; et me tournant vers Agamemnon : — Je suis bien trompé, si tout cela n’est pas artificiel, ou fait de terre cuite : j’ai vu à Rome, pendant les Saturnales, des festins entiers représentés de la même manière.


CHAPITRE LXX.

Je n’avais pas fini de parler, quand Trimalchion ajouta : — Puissé-je voir s’augmenter, non pas mon embonpoint, mais mon patrimoine, comme il est vrai que mon cuisinier a fait tout cela avec de la chair de porc ! Je ne crois pas qu’il existe au monde un homme plus précieux. Voulez-vous qu’il vous fasse du ventre d’une truie un poisson, une colombe avec le lard, une tourterelle avec le jambon, une poule avec les intestins ? vous n’avez qu’à parler. Aussi, j’ai imaginé pour lui