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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/162

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CHAPITRE LXIX.

Scintilla, interrompant son mari : — Vous ne nous parlez pas de tous les métiers que fait ce scélérat d’esclave : il est aussi votre mignon ; mais je ferai en sorte qu’il porte la marque de son infamie. — Trimalchion se prit à rire. — Je reconnais bien là, dit-il, le Cappadocien : il ne se refuse rien ; et, certes, ce n’est pas moi qui l’en blâmerai, car il n’a pas son pareil. Pour vous, Scintilla, ne vous montrez pas si jalouse. Croyez-en un vieux renard qui vous connaît bien, vous autres femmes. Puissiez-vous me voir toujours sain et sauf, comme il est vrai que je m’escrimais souvent avec Mamméa, la femme de mon maître ; au point que celui-ci, qui en eut soupçon, me relégua dans une de ses métairies. Mais chut ! j’en ai déjà trop dit. — Prenant cela pour un éloge, le maraud de valet tira de sa robe une espèce de cornet à bouquin, et, pendant plus d’une demi-heure, il imita les joueurs de flûte. Habinnas, la main posée sur sa lèvre inférieure, l’accompagnait en sifflant. Enfin cet esclave en vint à ce point d’impertinence, que, s’avançant au milieu de la salle, tantôt, avec des roseaux fendus, il parodiait les musiciens ; tantôt, couvert d’une casaque et le fouet à la main, à ses discours, à ses gestes, on eût dit un muletier. Cela dura jusqu’au moment où Habinnas, l’appelant auprès de lui, l’embrassa et lui offrit à boire, en disant : — De mieux en mieux, Massa ! je te fais présent d’une paire de bottines. — Nous n’eussions pas vu le terme de toutes