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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/166

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rendre grâce à la généreuse bonté de leur maître ; mais lui, prenant la chose au sérieux, fit apporter son testament, et le lut d’un bout à l’autre, au milieu des gémissements de tous ses domestiques. Ensuite, se tournant vers Habinnas : — Qu’en dites-vous, mon cher ami ? Hé bien, bâtissez-vous mon tombeau d’après le plan que je vous ai donné ? je vous recommande surtout de mettre l’image de ma petite chienne aux pieds de ma statue, puis des couronnes, des vases de parfums, et tous les combats que j’ai livrés, afin que je doive à votre habile ciseau la gloire de vivre après ma mort. Je veux en outre que le terrain où je serai inhumé ait cent pieds de long sur la voie publique, et deux cents sur la campagne : car je prétends que l’on plante autour de ma sépulture toutes sortes d’arbres à fruits, et surtout beaucoup de vignes. En effet, rien n’est plus absurde que d’avoir de notre vivant des maisons très-soignées, et de négliger celles où nous devons demeurer bien plus longtemps. Mais, avant toute chose, je veux que l’on y grave cette inscription :

MON HÉRITIER N’A AUCUN DROIT SUR CE MONUMENT.


Au reste, je mettrai bon ordre, par mon testament, à ce qu’il ne soit fait aucune injure à mes restes. Un de mes affranchis sera préposé à la garde de mon tombeau, pour empêcher les passants de venir y faire leurs ordures. Je vous prie, Habinnas, qu’on y voie figurer des vaisseaux voguant à pleines voiles, et moi-même, assis sur un tribunal et vêtu de la robe prétexte,