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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/167

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avec cinq anneaux d’or aux doigts, et distribuant au peuple un sac d’argent ; car vous savez que j’ai donné un repas public et deux deniers d’or à chaque convive. Représentez-y, si bon vous semble, des salles à manger, et le peuple en foule se livrant au plaisir. À ma droite, vous placerez la statue de Fortunata, tenant une colombe, et conduisant en laisse une petite chienne ; puis mon cher Cicaron ; puis de larges amphores hermétiquement bouchées, de peur que le vin ne se répande. Vous pouvez aussi y sculpter une urne brisée, sur laquelle un enfant versera des pleurs. Au centre du monument, vous tracerez un cadran solaire, disposé de telle sorte que tous ceux qui regarderont l’heure soient forcés, bon gré, mal gré, de lire mon nom. Quant à l’épitaphe, examinez soigneusement si celle-ci vous semble convenable :

ICI REPOSE
C. POMPEIUS TRIMALCHION,
DIGNE ÉMULE DE MÉCÈNE ;
EN SON ABSENCE, IL FUT NOMMÉ SÉVIR ;
BIEN QU’IL PUT OCCUPER UN RANG DANS TOUTES
LES DÉCURIES, IL REFUSA CET HONNEUR ;
PIEUX, VAILLANT, FIDÈLE,
NÉ PAUVRE, IL S’ÉLEVA À UNE GRANDE FORTUNE ;
IL A LAISSÉ TRENTE MILLIONS DE SESTERCES,
ET N’A JAMAIS ASSISTÉ AUX LEÇONS DES PHILOSOPHES.
PASSANT, JE TE SOUHAITE LE MÊME SORT.