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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/177

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vous faire voir tout à l’heure. Croyez-moi, mes amis, on ne vaut que ce que l’on a ; soyez riches, on vous estimera. C’est ainsi que moi, votre ami, qui n’étais naguère qu’une grenouille je suis maintenant aussi puissant qu’un roi. Cependant, Stichus, apporte ici les vêtements funéraires dans lesquels je veux être enseveli ; apporte aussi les parfums, et un échantillon de cette amphore de vin dont je veux qu’on arrose mes os.


CHAPITRE LXXVIII.

Stichus ne se fit pas attendre, et rentra bientôt dans la salle avec une couverture blanche et une robe prétexte. Trimalchion nous les fit manier pour voir si elles étaient tissues de bonne laine ; puis il ajouta en souriant : — Prends bien garde, Stichus, que les rats ou les vers ne s’y mettent ; car je te ferais brûler vif. Je veux être inhumé avec pompe, afin que le peuple bénisse ma mémoire. — Ayant ainsi parlé, il déboucha une fiole de nard, et nous en fit tous frictionner. — J’espère, nous dit-il, que ce parfum me fera autant de plaisir après ma mort que j’en éprouve maintenant à le sentir. — Ensuite, il fit verser du vin dans un grand vase, et nous dit : — Figurez-vous que vous êtes invités au repas de mes funérailles. — Ces dégoûtantes libations nous soulevaient le cœur, quand Trimalchion, qui était ivre mort, s’avisa, pour nous procurer un nouveau plaisir, de faire entrer dans la salle des joueurs de cor ; puis, se plaçant sur un lit de parade, la tête appuyée sur