Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

une pile de coussins : — Supposez, dit-il, que je suis mort, et faites-moi une belle oraison funèbre. — Soudain les cors sonnèrent un air lugubre. Un entre autres, le valet de cet entrepreneur de convois, qui était le plus honnête homme de la bande, fit entendre des sons si aigus, qu’il mit en rumeur tout le voisinage ; de sorte que les gardes du quartier, croyant que le feu était à la maison de Trimalchion, en brisèrent tout à coup les portes, et, pleins de zèle, se précipitèrent en tumulte dans l’intérieur avec de l’eau et des haches. Pour nous, profitant de cette occasion favorable, et, sous un prétexte frivole, prenant congé d’Agamemnon, nous nous sauvâmes à toutes jambes, comme d’un véritable incendie.


CHAPITRE LXXIX.

N’ayant pas de flambeaux pour nous guider, nous errions à l’aventure. Il était minuit, et le silence qui régnait partout ne nous laissait aucun espoir de rencontrer quelqu’un qui nous procurât de la lumière. Pour surcroît de malheur, nous étions ivres, et nous ignorions les chemins qui, en cet endroit, sont difficiles à trouver, même en plein jour. Aussi ne fut-ce qu’après avoir marché pendant près d’une heure, à travers les gravois et les cailloux qui nous mirent les pieds en sang, que l’adresse de Giton nous tira enfin de ce mauvais pas. En effet, la veille, en plein midi, craignant de s’égarer, il avait eu la sage précaution de marquer, chemin faisant, tous les piliers et toutes les colonnes avec de la craie dont la blancheur, vic-