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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/183

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un exilé, dans cette méchante auberge d’une ville grecque ! Et quel est celui qui me plonge dans cette horrible solitude ? un jeune homme souillé de toute espèce de débauches, qui, de son propre aveu, a mérité d’être banni de son pays ; qui n’a dû sa liberté et son affranchissement qu’aux plus honteuses complaisances ; dont les faveurs furent vendues à l’encan, et que l’on acheta, le sachant homme, pour s’en servir comme d’une fille. Et que dirai-je, grands dieux ! de cet autre, de ce Giton, qui prit la robe de femme à l’époque où l’on prend la toge virile ; qui, dès sa plus tendre enfance, renonça aux attributs de son sexe ; qui, dans une prison, s’abandonna aux caresses des plus vils esclaves ; qui, après avoir passé de mes bras dans ceux d’un rival, abandonne tout à coup un ancien ami, et, comme une vile prostituée, ô honte ! dans l’espace d’une seule nuit, sacrifie tout à sa nouvelle passion ? Maintenant, couple heureux, ils passent les nuits entières dans les plus douces étreintes. Peut-être même qu’en ce moment, épuisés par l’excès du plaisir, ils se raillent de mon triste abandon. Les lâches ! ils ne jouiront pas impunément de leur trahison. Ou je ne suis pas un homme, et un homme libre, ou je laverai mon outrage dans leur sang infâme.


CHAPITRE LXXXII.

A ces mots, je ceins mon épée, et, de peur que mes forces ne trahissent mon ardeur belliqueuse, pour augmenter ma