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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/191

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la forme, de ce que, par mon ingratitude, je l’avais exposé aux railleries de ses camarades, auxquels il avait vanté ma générosité : — Pour vous prouver, ajouta-t-il, que je ne vous ressemble pas, vous pouvez recommencer, si cela vous plaît. — La paix étant faite et mon pardon obtenu, j’usai de la permission qu’il m’accordait, et je m’endormis dans ses bras. Mais l’adolescent, déjà mûr pour l’amour, et que l’ardeur de l’âge excitait au plaisir, ne se tint pas pour content de cette double épreuve. Il m’éveilla donc : — Eh quoi ! me dit-il, vous ne demandez plus rien ? — Je me sentais encore un reste de vigueur ; je m’évertuai donc du mieux que je pus, et, couvert de sueur, hors d’haleine, je parvins enfin à satisfaire son envie ; mais alors, épuisé par cette triple jouissance, je me rendormis. Une heure n’était pas écoulée, qu’en me pinçant, il me dit : — Est-ce que nous en restons là ? — Fatigué d’être si souvent réveillé, j’entrai dans un violent accès de colère, et, lui rendant la monnaie de sa pièce : — Dormez, lui dis-je à mon tour, ou j’éveille votre père.


CHAPITRE LXXXVIII.

Ranimé par ce récit plaisant, je me mis à interroger le vieillard, plus instruit que moi, sur l’âge de chacun de ces tableaux et sur le sujet de quelques-uns dont je ne pouvais me rendre compte. Je lui demandai ensuite à quelles causes il attribuait la décadence des beaux-arts dans notre siècle, et