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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/249

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successions[1]. Personne ici ne prend soin d’élever des enfants[2], parce que tout homme qui a des héritiers légitimes n’est admis ni aux festins ni aux spectacles, et, privé de tous les agréments de la vie, se voit relégué parmi la canaille. Mais ceux qui n’ont jamais été mariés, et qui n’ont point de proches parents, parviennent aux premiers honneurs. Au jugement des Crotoniates, eux seuls ont des talents militaires, eux seuls sont vertueux. Cette ville, en un mot, vous offrira l’image d’une campagne ravagée par la peste[3] ; on n’y voit que des cadavres à demi dévorés, et des corbeaux qui les dévorent.


CHAPITRE CXVII.

Eumolpe, qui avait de l’expérience, se mit à réfléchir sur cette spéculation d’un nouveau genre, et nous avoua que cette manière de s’enrichir n’avait rien qui lui déplût. Je crus d’abord que c’était une plaisanterie, et que le vieillard parlait ainsi par licence poétique ; mais il ajouta : — Plût au ciel que je pusse me produire sur un plus grand théâtre, c’est-à-dire avoir des habits plus décents pour donner crédit à la ruse que je médite ! Certes, je ne porterais pas longtemps cette besace, et je vous ferais bientôt faire une brillante fortune ! — Je lui promis, pourvu qu’il consentît à me mettre de moitié dans son gain, de lui fournir tout ce qu’il voudrait, la robe d’Isis et tout ce que nous avions enlevé de la maison de campagne de Lycurgue : la mère des dieux, ajoutai-je, ne manquera pas de