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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/279

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donc pas sans remède. Tâchez seulement de faire une réponse à ma maîtresse ; et regagnez ses bonnes grâces par un aveu sincère de vos torts. Car, depuis qu’elle a reçu cet affront, elle ne se possède plus. — Je suivis de grand cœur ce conseil, et je fis sur les mêmes tablettes une réponse en ces termes :


CHAPITRE CXXX.


POLYÆNOS À CIRCÉ, SALUT.

Je l’avouerai, madame, j’ai fait bien des fautes en ma vie ; car je suis homme, et jeune encore : cependant, jusqu’à ce jour, je n’avais commis aucun forfait digne de la peine capitale. Je vous livre un coupable qui confesse volontairement son crime ; et, quel que soit le châtiment auquel vous me condamniez, je l’ai mérité. Je suis un traître, un parricide, un sacrilège : inventez des supplices nouveaux pour de si grands attentats. Voulez-vous ma mort ? je cours vous offrir mon épée : ou, si votre indulgence se borne à me condamner au fouet, j’irai nu m’offrir à vos coups. Souvenez-vous seulement que ma volonté n’eut aucune part à cette offense, et que la nature seule fut coupable. Soldat plein d’ardeur, je n’ai pu retrouver mes armes au moment du combat. Qui me les a dérobées ? je l’ignore. Peut-être mon imagination trop active a devancé l’action de mes organes ; peut-être, trop empressé de jouir de tant d’appas, j’ai tari dans mes veines les sources de la volupté.