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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/293

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courut aussitôt chercher du feu chez une voisine. Elle venait de sortir, quand trois oies sacrées, qui, sans doute, recevaient au milieu du jour leur nourriture des mains de la vieille, s’élancent sur moi, et m’entourent en poussant des cris affreux, des cris de rage qui me font trembler : l’une déchire ma robe ; l’autre dénoue les cordons de mes sandales ; une troisième, qui semblait être leur chef et leur donnait l’exemple de la voracité, pousse l’audace jusqu’à me mordre la jambe de son bec aussi dur que des tenailles. Sans m’amuser à la bagatelle, j’arrache un des pieds de la table, et, armé de cette massue, je m’escrime de mon mieux contre la belliqueuse volatile : je n’y allais pas de main morte, et, d’un coup bien asséné, j’étendis mort à mes pieds mon féroce agresseur.

  Tel le Stymphale a vu, d’un vol rapide[1],
____Ses oiseaux regagner les cieux.
____Redoutant du vaillant Alcide
____Le stratagème ingénieux ;
Des sœurs de Céléno telle la troupe avide,
____Du venin de son souffle infect,
____Souillait le banquet de Phinée,
  Quand Calaïs parut. . . . À son aspect,
Les trois monstres ont fui la table empoisonnée :
L’air retentit au loin de leurs longs hurlements,
Et l’Olympe en trembla jusqu’en ses fondements.

Les deux oies, qui avaient survécu au combat, avalèrent