Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nos mérites. Heureusement Chrysis, qui était de toutes ces intrigues, m’avertit des intentions des Crotoniates à notre égard. Cette nouvelle m’effraya tellement, que je m’enfuis sur-le-champ avec Giton, abandonnant Eumolpe à son mauvais destin. Á quelques jours de là, j’appris que les Crotoniates, indignés que ce vieux fourbe eût vécu si longtemps en prince à leurs dépens, le traitèrent à la mode de Marseille[2]. Pour comprendre ceci, vous saurez que toutes les fois que cette ville était désolée par la peste, un de ses plus pauvres habitants se dévouait pour le salut de tous, à la condition d’être nourri pendant une année entière des mets les plus délicats aux frais du public. Ce terme expiré, on lui faisait faire le tour de la ville, couronné de verveine et vêtu de la robe sacrée ; on le chargeait de malédictions, pour faire retomber sur sa tête tous les maux de la ville, et, du haut d’un rocher, on le précipitait dans la mer.


______