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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/312

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rait pas sous un poids si léger. Que d’autres ornent leur cou de riches colliers, ou chargent leur tête de pierreries ; tu sais plaire par toi-même, et sans le secours d’aucune parure. Nulle autre beauté n’est parfaite dans son ensemble : celui qui pourrait jouir de la vue de tous tes charmes serait forcé de tout admirer en toi. Sans doute, les Sirènes suspendirent leurs concerts, et Thalie déposa sa lyre mélodieuse aux accents de ta voix, de ta voix dont la douceur contagieuse lance dans l’âme des malheureux qui t’écoutent tous les traits de l’Amour. Mon cœur, frappé par toi, saigne d’une blessure profonde que l’acier même ne peut guérir : mais que tes lèvres calment par un baiser mes cruelles souffrances ; ce bienfaisant dictame est seul capable de dissiper les maux que j’endure. Cesse de déchirer avec tant de violence mes fibres ébranlées ; et je payerai de ma mort le crime de t’avoir aimée. Mais si cette faveur te paraît trop grande, accorde au moins à ma prière une dernière grâce : lorsque j’aurai cessé d’être, entoure-moi de tes bras d’albâtre, et tu me rendras la vie.


II.
L’ENVIE, VAUTOUR DE L’ÂME.

Le vautour qui dévore le foie, déchire les fibres et pénètre jusqu’au fond des entrailles, ce n’est pas, comme le disent les