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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/319

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l’amour[2] ; la tortue, à peine sortie des entrailles de sa mère, réchauffe de son haleine les organes de Lucine ; les abeilles, engendrées sans aucun accouplement, sortent à grand bruit de leurs alvéoles, et remplissent les ruches de leurs belliqueuses phalanges. Ainsi la nature, loin de se borner à une marche uniforme, se plaît à varier les moyens de reproduction.


XV.
L’AFFLICTION RAPPROCHE LES MALHEUREUX.

Le naufragé qui s’est échappé nu de son vaisseau submergé[1] en cherche un autre, frappé du même coup, auquel il puisse raconter son infortune. Celui dont la grêle a détruit la moisson, fruit de toute une année de labeur[2], dépose ses chagrins dans le sein d’un ami, victime du même fléau. L’affliction rapproche les malheureux ; les parents, privés de leurs enfants, unissent leurs gémissements : penchés sur la même tombe, ils sont égaux. Et nous aussi, que les accents de notre douleur s’élèvent confondus vers les astres ; car on dit que, réunies, les prières arrivent plus puissantes à l’oreille des dieux.