Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et c’est par là qu’on commençait le repas. Auguste, demandant à Pollion, alors âgé de plus de cent ans, et encore vigoureux, par quels moyens il avait conservé une si belle santé, Pollion lui répondit : Intus mulso, foris oleo.

2 Argentumque inter reliqua purgamenta scopis cœpit verrere. — Sénèque, lettre lxvii du livre VI, raconte que pendant que les maîtres étaient à table, un esclave était obligé de laver les crachats sur le parquet ; un autre recevait les vomissements de ceux qui étaient ivres ; un autre balayait tout ce qui tombait de la table : Alius sputa detegit, alius reli-quias temulentorum subditus colligit, etc. Pétrone, pour nous donner une idée de la magnificence extravagante de Trimalchion, dit que, par son ordre, un plat d’argent tombé à terre est balayé avec les ordures par un esclave.

3 Statim allatoe sunt amphoroe vitreoe diligenter gypsatœ. — Ces bouteilles étaient bouchées avec une espèce de mastic fait de plâtre fin mêlé avec de la résine : on s’en sert encore aujourd’hui en Italie pour le même usage, et c’est l’équivalent de notre goudron. Les anciens plaçaient sur le cou ou goulot des bouteilles, cervicibus, des étiquettes, pittacia, qui indiquaient le nom du vin, son terroir, son âge ; ce qui nous est confirmé par Juvénal, en parlant d’un vin :

.   .  .  .  Cujus patriam titulumque senectus
Delevit.

4 Larvam argenteam attulit servus. — C’était, dit Plutarque, un usage que les Grecs avaient emprunté des Égyptiens, et qu’ils avaient transmis aux Romains, de faire figurer dans les repas des têtes de mort, des squelettes. Le but de cette coutume, selon Scaliger, était de porter les convives à goûter les douceurs de la vie pendant qu’ils jouissaient d’une bonne santé, et à s’abandonner aux plaisirs que la mort devait bientôt leur ravir. Hérodote en parle liv. II, chap. 78. Les vers que Pétrone met dans la bouche de Trimalchion développent cette pensée : on les croirait inspirés par ce passage du livre de la Sagesse, où Salomon fait dire à l’impie : Umbrae transitus est tempus nostrum, et non est reversio finis nostri. Venite ergo, et fruamur bonis quae sunt, et utamur creatura, tanquam in juventute celeriter. Vino pretioso et unguentis nos impleamus, et non prœtereat nos flos temporis. Coronemus nos rosis antequam mar-cescant : nullum pratum sit quod non pertranseat luxuria nostra. Nemo vestrum exsors sit luxuriœ nostrae, ubique relinquamus signa lœtitiœ, quoniam haec est pars nostra, et hœc est sors nostra. Cette idée a été