Aller au contenu

Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

flots de saumure ou de court-bouillon qui, coulant des outres portées par quatre satyres, placés aux angles du surtout, allaient se réunir au fond de cette machine, et y formaient une espèce de lac où nageaient des poissons tout accommodés.

4 Scissor, et ad symphoniam ita gesticulatus laceravit obsonium. — Ce passage, et cent autres de ce festin, prouvent que les anciens étaient Lien plus raffinés que nous dans les plaisirs de la table. Nous n’avons point, comme eux, de ces écuyers tranchants qui découpaient les viandes en mesure, aux sons de l’orchestre.

CHAPITRE XXXVII. 1 Uxor, inquit, Trimalchionis, etc. — Ce n’est plus Pétrone qui parle ici, c’est un des affranchis de Trimalchion, ou plutôt un de ses anciens compagnons d’esclavage. Nous allons, dans la suite de ce festin, voir plusieurs de ces affranchis prendre la parole : un Seleucus, un Philéros, un Ganymède, un Échion, etc. ; leurs locutions seront barbares et étrangères, fourmilleront de solécismes et de barbarismes, de mots bâtards, formés du grec et du latin, de proverbes et de quolibets bas et grossiers, ce qui nous donnera une juste idée de l’éducation de ces parasites, et de la société que rassemble autour de lui ce Trimalchion, esclave parvenu, dont les goûts dépravés ne tarderont pas à se faire connaître. L’hôte et les convives sont dignes les uns des autres, et peuvent aller de pair ; c’est à quoi il faut bien prendre garde : il n’y a dans leurs discours ni justesse, ni suite, ni liaison, ni sens : ce sont des manières de parler triviales, telles que Plaute, Térence et Molière en mettent dans la bouche des esclaves et des valets.

Cet avertissement est nécessaire pour faire sentir et apprécier le mérite de cet ouvrage, où les interlocuteurs s’expriment avec une vérité et un naturel qui prouvent dans notre auteur une observation profonde des mœurs et du langage des différentes classes de la société.

2 Ignoscet mihi genius tuus. —Comme nous dirions en français :sauf votre respect.On sait d’ailleurs que les anciens croyaient que chacun avait son génie particulier, ainsi que nous avons notre ange gardien, nos bons et nos mauvais anges. L’auteur dit, dans un autre endroit : genios vestros iratos habeam.

3 Pica pulvinaris. — Mot à mot, une pie d’oreiller ; parce que c’est lorsqu’elles sont au lit avec leurs maris que les commères de l’espèce de Fortunata donnent carrière à leur médisance, et cherchent à nuire à ceux qu’elles n’aiment pas ; d’où Martial :

.   .   .   .   .   Sit non ditissima conjux,
Sit nox cum somno, sit sine lite dies.