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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/353

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prouve ce passage du chapitre 2 de notre auteur : Nuper ventosa isthaec et enormis loquacitas Athenas ex Asia commigravit. Or, en Asie on exerçait les chanteurs, les comédiens et toutes sortes d’acteurs, à ne point suer ni cracher, pendant qu’ils étaient en scène. C’est à cette coutume que Ganymède fait allusion ; et ce qu’il trouve surtout d’admirable dans Safinius, c’est qu’on ne le voyait jamais ni suer ni cracher, lorsqu’il parlait au barreau.

3 Urceatim pluebat. — Comme nous disons en français, il pleut à seaux.

CHAPITRE XLV. 1 Echion centonarius. — La plupart des éditions portent centenarius : on appelait ainsi les affranchis qui avaient cent mille petits sesterces de rente ; mais j’ai préféré m’en tenir au manuscrit de Trau, qui porte centonarius, qui signifie ravaudeur, chiffonnier, marchand de haillons. Les discours que va tenir Échion, par exemple son allusion au paysan qui avait perdu un porc bigarré, me semblent convenir parfaitement à un homme de cette profession. Cependant on donnait aussi le nom de centonarii à ceux qui fournissaient dans les villes et dans les camps les objets propres à éteindre les incendies ; dans ce dernier sens, Échion serait une espèce de pompier. Ceux qui adoptent centenarius allèguent pour motif, que notre homme paraît très-content de son sort, comme le prouvent ces mots : Non, me Hercules ! patria melior dici posset ; … non debemus delicati esse : ubique melius caelus est… Tu, si aliubi fueris, dices, hic porcos coctos ambulare, etc. ; mais l’expérience prouve que les hommes les plus pauvres ne sont pas toujours ceux qui se plaignent le plus de leur condition.

2 Familia non lanistitia, sed plurimi liberti. — Les maîtres qui instruisaient les gladiateurs portaient le nom de lanistae ; ils achetaient des esclaves ou prenaient des enfants trouvés qu’ils élevaient pour cette profession. On appelait une troupe de ces gladiateurs familia lanistitia, c’est-à-dire cui lanista prœerat. Auguste les chassa de Rome, au rapport de Suétone, dans la vie de cet empereur, chapitre 42 ; Sénèque en parle aussi, de Beneficiis. Les Romains en vinrent à un tel excès de cruauté au sujet des combats de gladiateurs, qu’outre les esclaves sans nombre qu’ils faisaient égorger dans ces affreux spectacles, ils y engageaient encore des affranchis et des citoyens qui jouissaient d’une pleine liberté. Suétone, dans la Vie de Néron, dit que ce prince poussa encore plus loin la barbarie, et qu’il fit paraître dans un amphithéâtre qu’il fit bâtir exprès, non pas des gladiateurs ordinaires ni même des affranchis, mais des chevaliers et des sénateurs romains, au nombre de mille ; et que, non content de cela, il en contraignit quelques-uns des plus con-