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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/365

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et betœ, il faut se rappeler que beta, B, est la seconde lettre de l’alphabet grec. Ces niaiseries sont bien dignes de Trimalchion et de ses convives.

CHAPITRE LX. 1 Repente lacunaria sonare caeperunt. — Les Romains étaient si somptueux dans leurs festins, que les lambris de leurs salles à manger se changeaient quelquefois à chaque service, soit en tournant sur eux-mêmes, soit en s’entr’ouvrant. Sénèque, épître 91 : Qui versatilia coenationum laquearia ita coaginentat, ut subinde alia facies atque alia succedat, et toties tecta quoties fercula mutentur, etc. Suétone, dans la Vie de Néron, chapitre 31, décrit de semblables lambris pratiqués dans le palais de cet empereur, et d’où l’on répandait sur les convives des fleurs et des parfums.

2 Coronœ aureœ, cum alabastris unguenti, pendebant. — Athénée, livre xv, nous apprend qu’on apportait pour chacun des convives des couronnes et des parfums, avant de servir le fruit : les Grecs les faisaient descendre du plafond à l’aide d’une machine. Le poëte Alexis raconte que l’on vit paraître dans les banquets des colombes frottées d’essences qu’elles répandaient, en volant, sur la table et sur les convives. Horace, odes 4 et 38 du livre I, demande des couronnes de myrte à l’esclave qui lui verse à boire : il est aussi question, au chapitre 28 d’Isaïe, de ces couronnes dont les buveurs se paraient à la fin des repas, et lorsque le vin les faisait chanceler. Presque toutes ces habitudes de luxe avaient passé des Assyriens aux Grecs, soit par les Égyptiens, soit par les Phéniciens, et s’étaient transmises des Grecs aux Romains. Les couronnes ordinaires des festins étaient de fleurs ou de myrte ; mais celles que Trimalchion fait donner à ses convives sont d’or, ou tout au moins dorées, pour montrer la richesse et la magnificence du maître de la maison.

3 Priapus, a pistore factus. — Comme Priape était le dieu des jardins, il était tout naturel qu’il présidât au dessert. Les pâtissiers faisaient pour ce service des figures de Priape qui, dans le devant de leur robe, car tel est le véritable sens de ces mots sinu satis amplo, offraient aux convives toutes sortes de fruits et de raisins : omnis generis poma et uvas sustinebat. Ces Priapes étaient de pâte cuite, et on pouvait les manger, comme le dit Martial dans l’épigramme 69 du livre XIV :

Si vis esse satur, nostrum potes esse Priapum.

4 Cœperunt effundere crocum. — Sénèque, dans l’épître 91, rapporte que l’on faisait jaillir du safran dans les salles de festin par des tuyaux