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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/380

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CHAPITRE XCVII. 1 Crispus, mollis, formosus. — Crispus, frisé, ce qui était regardé comme une grande beauté chez les anciens. Voyez Martial, livre V, épigramme 62 :

Crispulus iste quis est, uxori semper adhaeret
  Qui, Mariane, tuœ ? crispulus iste quis est ?

Moschus, dans sa charmante idylle de l’Amour fugitif, représente Cupidon frisé.

2 Ascyltos stabat, amictus discoloria veste. — Le code Théodosien (du Vêtement dont il convient de se servir dans Rome) ordonne que ceux qui feront quelque acte public seront revêtus d’une robe de plusieurs couleurs.

3 Annecteretque pedes et manus institis, quibus sponda culcitam ferebat. — Ces cordes étaient passées les unes dans les autres, et tenaient aux traverses du lit comme sont aujourd’hui nos fonds sanglés. C’est ce que prouve un autre passage de notre auteur, chapitre 140 : Coraci autem imperavit ut lectum, in quo ipse jacebat, subiret, positisque in pavimento manibus, dominum lumbis suis commoveret. Ce qu’il n’eût pu faire, si le fond du lit eût été fait de planches, et non de sangles ou de cordes.

CHAPITRE XCVIII. 1 Eumolpus conversus salvere Gitona jubet. — L’usage de saluer, quand on éternue, est le seul peut-être qui ait résisté aux diverses révolutions qui ont changé la face du monde. L’universalité, comme l’antiquité de cette coutume, est vraiment étonnante.

1° Aristote remonte, pour expliquer cet usage, aux sources de la religion naturelle : il observe que la tête est l’origine des nerfs, des esprits, des sensations, le siège de l’âme, l’image de la divinité ; qu’à tous ces titres, la substance du cerveau a toujours été honorée ; que les premiers hommes juraient par leur tête ; qu’ils n’osaient toucher, encore moins manger la cervelle d’aucun animal : remplis de ces idées, il n’est pas étonnant qu’ils aient étendu leur respect religieux jusqu’à l’éternuement. Telle est, suivant Aristote, l’opinion des anciens et des plus savants philosophes.

2° D’autres crurent trouver à cet usage une source plus lumineuse, en la cherchant dans la philosophie de la Fable et de l’âge d’or. Quand Prométhée, disent-ils, eut mis la dernière main à sa figure d’argile, il eut besoin du secours du ciel pour lui donner le mouvement et la vie. Il y fit un voyage sous la conduite de Minerve. Après avoir parcouru légèrement les tourbillons de plusieurs planètes, où il se contenta de recueillir, en passant, certaines influences qu’il jugea nécessaires pour la température des humeurs, il s’approcha du soleil sous le manteau