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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/384

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3 Tryphœna... quœ voluptatis causa huc atque illac vectatur. — Ces mots me confirment encore plus dans l’opinion que j’ai émise plus haut, que Tryphène n’était pas la femme de Lycas, mais que c’était une voyageuse sentimentale qui aimait à aller de côté et d’autre pour son seul plaisir, c’est-à-dire pour donner carrière à ses goûts érotiques. D’ailleurs, on ne peut nier qu’il existât des relations intimes entre cette femme et Lycas ; car, lorsqu’elle le surprend cherchant à faire violence à Encolpe, il s’enfuit tout honteux à sa vue. Il est vrai qu’elle ne se gêne pas pour faire des caresses et des avances à Giton à la barbe de Lycas ; mais c’était du moins un amour légitime pour de pareilles gens, tandis que la tentative de Lycas était, pour le sexe de Tryphène, une insulte que les femmes ne pardonnent jamais, à moins qu’elles n’y trouvent leur compte, comme cette Doris qui engageait ce même Encolpe à écouter les propositions de son mari, pour lui fermer les yeux sur leurs amours secrets.

4 Quomodo possumus egredi nave... opertis capitibus, an nudis ? Opertis, et quis non dare manum languentibus volet ? — On voit, par ce passage de Pétrone, que les anciens avaient coutume de se couvrir la tête, lorsqu’ils étaient malades, non-seulement pour se défendre des injures de l’air, mais pour indiquer aux autres l’état de leur santé. Ce qui fait dire à Eumolpe, que, s’ils se couvrent la tête, tout le monde s’empressera de leur offrir la main, comme à des malades, languentibus, pour descendre du vaisseau. Dans tout autre cas, c’était un signe de la mollesse la plus efféminée, que de sortir la tête couverte. Aussi notre auteur, parmi les bizarreries et les inconvenances qu’il remarque dans Trimalchion, a-t-il soin de dire, au chapitre XXXII : Palliolo enim coccineo adrasum excluserat caput, « Sa tête chauve sortait à demi d’un petit manteau de pourpre. »

CHAPITRE CII 1 Eumolpus, tanquam litterarum studiosus, utique atra-mentum habet.— Les anciens se servaient, comme nous, d’encre pour écrire sur le charta, ou papier, qu’ils roulaient, volvebant, lorsqu’il était rempli, et qu’on appelait pour cette raison volumen, volume. Cette encre était de différentes natures, et portait différents noms, selon l’usage auquel on l’employait. Vitruve appelle atramentum librarium, et Cornelius Celsus scriptorium, celle qui servait à écrire ; mais ils en avaient d’autres qu’ils appelaient tectoria ou pictoria, qui servaient au dessin, à la peinture, et sutoria, celle qui servait à noircir les chaussures. L’encre à écrire était ordinairement faite de noir de fumée que l’on recueillait sur les murs des chambres qui n’avaient pas de cheminée ni d’ouverture par où la fumée pût s’échapper. Pour empêcher cette encre de