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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/390

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7 Quod ergastutum intercepisset non errantes ? — Tout le monde sait qu’ergastulum était une prison où l’on renfermait les esclaves, et où on les obligeait à travailler, tout enchaînés qu’ils étaient ; mais de nombreux passages des auteurs latins prouvent qu’on y renfermait aussi d’autres coupables, quelles que fussent d’ailleurs leur naissance et leur condition. Voyez Suétone (Vie d’Auguste, ch. XXXII) : Rapti per agros viatores sine discrimine, liberi servique, ergastulis possessorum supprimebantur. Dans ce passage, viatores doit évidemment s’entendre dans le même sens qu’errantes dans Pétrone, des vagabonds. Suétone dit encore (Vie de Tibère,ch. VIII) : Curam administravit... repurgandorum tota Italia ergastulorum, quorum domini in invidiam venerant, quasi exceptos supprimerent, non solum viatores, sed et quos sacramenti metus ad hujusmodi latebras compulisset. Dans ces deux phrases, supprimere est synonyme d’intercipere.

CHAPITRE CVI. 1 Lycas, memor adhuc uxoris corruptœ. — C’est sur ce passage, sans nul doute, que Nodot, dans ses prétendus fragments retrouvés à Bellegrade, s’est fondé pour forger toute cette histoire des amours de Lycurgue avec Ascylte, d’Encolpe avec Doris, de Lycas, époux de celle-ci, avec le même Encolpe, et de Tryphène avec Encolpe et Giton à la fois : cette histoire si embrouillée et si peu vraisemblable, qui remplit presque tout le chapitre XI, lequel ne contient pas moins de onze pages de texte, et qui, par sa longueur, est hors de toute proportion avec les autres chapitres de cet ouvrage. Cette interpolation, facile à reconnaître par les fréquents gallicismes qui s’y trouvent, excita surtout la bile de Breugières de Barante, qui attaqua ces nouveaux fragments dans ses Observations, auxquelles Nodot répondit avec aigreur par sa Contre-Critique, comme nous l’avons dit ailleurs.

Je pense que le lecteur ne sera pas fâché de connaître quelques-unes des objections que Breugières fit à Nodot, à propos de ce chapitre XI, et la manière dont Nodot y répondit. Je prie le lecteur, pour mieux comprendre les unes et les autres, d’avoir sous les yeux le chapitre en question. J’ai eu soin de faire imprimer en italique les objections, pour qu’on puisse plus facilement les distinguer des réponses de Nodot. Quant à mes observations personnelles, je les ai placées entre parenthèses.

Considérons à présent quelle gêne et quelle torture paraissent dans le fragment qui conduit Encolpe, Ascylte et Giton dans le château de Lycurgue. On les y fait aller pour donner l’intelligence de ce qui suivra, et pour que quand on parlera de Lycas, de Tryphène et de Doris (comme dans les chapitres C, CI, CIV, CV et suivants), ce ne soient plus des personnages