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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/391

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inconnus. — Hé bien, que trouvez-vous à redire à cela ? cette conduite n’est-elle pas d’un auteur de bon sens ? Rien ne paraît gêné dans ce discours (Nodot veut dire dans ce fragment), et je ne vois pas que Pétrone se soit donné la torture pour écrire si naturellement. (Permis à Nodot de trouver naturel le style de ce fragment dont il est le père ; bien des lecteurs ne seront pas de son avis.)

Encolpe et Ascylte (après la querelle qu’ils ont eue au sujet de Giton, au chapitre X, et dans laquelle ils se sont dit toutes leurs vérités, et se sont traités réciproquement d’infâmes débauchés, d’assassins et de coupe-jarrets) se rendent en pèlerinage au château de Lycurgue, où ils trouvent bonne compagnie (c’est-à-dire une compagnie digne d’eux) Lycas qui, selon les apparences, y avait aussi peu affaire que la coquette Tryphène. Lycas, Encolpe, Giton et Tryphène, ne trouvant pas qu’on vécût assez librement chez Lycurgue, prirent le partides’en aller à la maison de Lycas, où ils espéraient d’être plus à leur aise, et comptaient de faire meilleure chère. — Je vous avoue que vous commencez à m’embarrasser pour vous répondre ; tantôt je vous vois si confus, que j’ai peine à débrouiller ce que vous prétendez montrer clairement ; et tantôt vos connaissances sont si bornées, qu’il ne leur est pas permis de parvenir à celle de l’auteur : car de croire qu’il y ait de la malice en votre fait, je ne puis me l’imaginer. Toutefois, comment se peut-il faire, sans ma-lice ou sans ignorance, que vous donniez un tout autre sens au texte (que celui qu’il renferme ? (Nodot se fâche, comme on voit ; ce n’est pas la meilleure manière de répondre ; et ne pourrait-on pas lui dire, comme ce philosophe qui vit tomber la foudre à ses pieds au moment où il parlait contre les dieux :Bon Jupiter ! tu te fâches ; donc tu as tort ?)

Les trois vols que font Encolpe, Ascylte et Giton sont tout à fait impossibles.— Il n’y a que deux vols, vous n’en trouverez pas davantage. (J’en demande bien pardon à Nodot, il y a trois vols ; il y en a même quatre : 1° le vol du voile et du cistre d’Isis ; 2° celui des effets les plus précieux de la campagne de Lycurgue ; 3° la bourse qu’Ascylte ramasse à terre, et avec laquelle il s’enfuit aussitôt, crainte de réclamation ; 4° et enfin, le superbe manteau qu’Encolpe détache de la selle d’un cheval, et qu’il emporte dans la forêt prochaine. )

Est-il vraisemblable que deux hommes aillent dans un vaisseau, et que, sans être aperçus des matelots qui les reçoivent et leur font honneur, ils s’enfuient chargés de marchandises ? L’autre vol a quelque chose de plus surnaturel. Encolpe et Giton sont enfermés dans une chambre entourée de gardes : Ascylte vient pendant que ces gardes sont endormis ; il ouvre