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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/443

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librement ce qu’il croyait avantageux pour la république. Quelques-uns de ses amis lui ayant représenté le danger qu’il courait à lutter contre un ennemi aussi puissant que César, il leur répondit avec fermeté : Suum cuique judicium est.

Labéon, autre jurisconsulte fort considéré. Appien, au livre de la Guerre civile, en parle comme d’un homme d’une intégrité et d’une fermeté admirables. Horace, au contraire, meilleur courtisan que philosophe, le traite de fou, dans sa troisième satire, pour avoir refusé le consulat qu’Auguste lui offrait.

3 Extraxit fortissimum jecur, et inde mihi futura prœdixit. L’auteur fait allusion aux aruspices, qui prédisaient les choses futures par l'inspection du foie et du cœur des animaux sacrifiés, dont ils tiraient de bons ou de mauvais augures, selon le bon ou le mauvais état de ces parties. C’est pour cela que Pétrone dit fortissimum jecur ; peut-être serait-il mieux de lire fortissimum, très-gras, très-bien engraissé, du verbe farcire, farcio, fartum.

CHAPITRE CXXXVIII. 1 Ipse Paris, dearum litigantium judex. C’est ainsi que je lis ce passage avec Douza ; et non pas lividinantium, comme le porte l’édition de Burmann ; ni vitilitigantium, comme le voulait Thomas Munckerus, qui aurait dû laisser ce vieux mot dans Caton, où il était allé le déterrer ; ni, comme l’imprime Nodot, libidinantium, qui signifie se livrant aux débauches, ce qui serait ici un contre-sens. Du reste, je ne crois pas que le jugement de Paris ait jamais fourni une allusion plus ingénieuse que celle des six vers du XXIXe fragment, ci-dessus cité :

De pretio formae quum tres certamen laissent,
  Electusque Paris arbiter esset eis ;
Prœfecit Venerem Paridis censura duabus,
  Deque tribus victœ succubuere duœ.
Cum tribus ad Paridem si quarta probanda venites
  De tribus a Paridi quarta probata fores.

2 Nec me contumeliae lassant. Quod verberatus sum, nescio, etc.L’auteur peint ici avec autant de grâce que de sentiment cette patience infatigable des vrais amants, qui souffrent tout sans se plaindre de leurs maîtresses, même les traitements les plus indignes. On trouve à ce sujet dans Properce, livre II, élégie 19 :

Ultro contemptus rogat, et peccasse fatetur
  Laesus, et invitis ipse redit pedibus ;


et plus loin, dans la même élégie :

Nil ego non patiar, nunquam ene injuria inutat.