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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/55

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celle de son prédécesseur ; mais Boispréaux, moins fidèle que lui, tronque souvent l’original, même dans sa prose, ce qui ne peut s’excuser. Sa plume, qu’il croit l’épée d’Alexandre, coupe le nœud gordien qu’il eût fallu délier. Est-ce pour se dérober au désavantage de la comparaison que Boispréaux a privé du texte les admirateurs de Pétrone [1] ? Ce qui me plairait le plus dans son ouvrage serait la préface, si elle ne pouvait passer pour un plagiat de Saint-Évremond, qu’il ne daigne pas nommer. La dernière traduction de Pétrone que je connaisse est celle de Durand, publiée par Gérard, Paris, 1803 ; elle n’est pas plus exacte que celle de Boispréaux : comme lui, le nouveau traducteur allonge, tronque l’original à sa fantaisie, au point de le rendre quelquefois méconnaissable.

J’allais augmenter cette dissertation d’un beau chapitre sur la morale de Pétrone ; mais, me suis-je dit, ce titre seul menacerait d’un sermon, et ce siècle n’aime pas les sermons. J’ai donc déchiré mon chapitre.

  1. Boispréaux ou Dujardin n’a pas trouvé grâce aux yeux de Fréron, qui s’écrie : « Pourquoi Boispréaux a-t-il énervé la force des pensées de Pétrone par des paraphrases insipides, éteint le feu de ses idées par des tours froids et languissants, altéré la charmante naïveté de ses sentiments par un choix affecté de mots précieux ; substitué, en un mot, à un original plein de vie une copie languissante et inanimée ? N’est-ce pas imiter ce tyran dont il est parlé dans Virgile, qui appliquait des corps morts à des corps vivants ? »