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Page:Pétrone - Satyricon, trad. Héguin de Guerle, 1861.djvu/54

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de Trimalchion [1] , donnée par Lavaur, en 1726, sous le titre d’Histoire secrète de Néron. Les notes et la préface en sont la partie la plus estimable.

Nodot, déjà connu par ses Fragments de Belgrade, voulut avoir l’honneur d’enrichir le public de ce qu’il appelait une traduction entière du Satyricon. Sa première édition parut, en 1694, à Cologne ; la seconde, plus estimée, est de 1713, à Paris. On ne peut nier qu’il n’ait assez fidèlement rendu les pensées de l’original ; mais sa prose dénuée de grâce et ses vers prosaïques n’ont fait de Pétrone qu’un squelette pour ceux qui ne peuvent l’admirer dans sa langue. Ses notes historiques et critiques supposent plus de connaissance des usages antiques que d’habitude à sentir les beautés des anciens. Son édition a du moins cela de recommandable pour les esprits superficiels, qu’elle est la seule qui réunisse à un texte sans lacune apparente une traduction assez exacte, quoique fort maussade.

En 1742 parut à Londres, chez Nourse, une traduction nouvelle de Pétrone, par Dujardin, caché sous le nom de Boispréaux. Il a suivi, comme Nodot, le texte de Belgrade ; mais il s’est dispensé de le joindre à sa traduction. Elle est plus élégante, plus vive, plus enjouée que

  1. L’abbé Margon fit mieux que de traduire le Festin de Trimalchion : il le réalisa. Cet abbé, fort gourmand de son naturel, ayant un jour reçu du régent, je ne sais trop pour quel service secret, une gratification de 30,000 francs, imagina de la manger dans un souper, qu’il pria son patron de lui laisser donner à Saint-Cloud. Il en fit la disposition, Pétrone à la main, et exécuta, avec la plus grande exactitude, le repas de Trimalchion. On surmonta toutes les difficultés à force de dépenses. Le régent eut la curiosité d’aller surprendre les acteurs, et il avoua qu’il n’avait jamais rien vu de si original.